La visite du Directeur général comprend la mise en place d’un programme de reconstruction
5 novembre 2013, Cotonou/Rome –
La FAO vient en aide aux familles agricoles du Bénin qui ont tout perdu – récoltes, animaux et étangs piscicoles – en août dernier, suite au
débordement du fleuve Niger, alors que de nombreux villageois étaient
tout juste en train de se remettre des inondations de 2012.
A
son arrivée au Bénin, le Directeur général de la FAO a été accueilli
par le Président Yayi Boni qui l'a accompagné durant ses visites. M.
Graziano da Silva a salué les progrès remarquables accomplis par le pays
vers la réalisation du premier Objectif du Millénaire pour le
développement consistant à réduire de moitié la proportion de personnes
affamées, tandis qu'il est également en bonne voie pour atteindre le but
du Sommet mondial de l'alimentation visant à diminuer par deux le
nombre de personnes sous-alimentées dans le pays.
Le
Chef de la FAO a en outre exprimé le souhait que le Bénin, qui détient
un vaste potentiel agricole et des ressources hydriques, en particulier
au sud, puisse accueillir à l'avenir une réserve alimentaire régionale
en mesure de compenser les déficits de production, comme dans le Sahel
aride.
Mise en place d'une aide d'urgence
M.
Graziano da Silva a également pris part dimanche à une cérémonie
officielle de signature pour la mise en place immédiate d'une aide
d'urgence aux villages septentrionaux de Malanville et Karimama, les
communautés les plus durement frappées par les inondations. La
production agricole a été quasiment anéantie, et les agriculteurs se
sont retrouvés sans cultures ni graines pour procéder à de nouveaux
semis.
Une
partie des fonds d'urgence sera affectée à la remise en état des
activités commerciales de quelque 1 300 jeunes qui avaient démarré
l'agriculture dans le cadre d'un programme du gouvernement béninois
visant à créer des emplois ruraux et des opportunités économiques de
réduction du chômage, diffus parmi les jeunes.
Le
gouvernement du Bénin a alloué une partie de ses propres ressources à
l'assistance aux personnes les plus touchées par les inondations. Les
pertes de récolte sont estimées à quelque 20 millions de dollars, sans
compter les centaines de têtes de bétail perdues et les dégâts aux
pêches. Compte tenu de l'ampleur des dommages, le gouvernement du Bénin a
quasiment épuisé ses ressources en fournissant aux populations
sinistrées de la nourriture, des abris ainsi que des transferts
d'espèces, et ses possibilités de relance du secteur agricole.sont
désormais limitées.
L'agriculture
assure 70 pour cent des emplois au Bénin. Dans la région rurale et
appauvrie du nord, les familles sont encore plus dépendantes de
l'agriculture et moins capables d'essuyer les revers à répétition.
Intégrer la résilience face au changement climatique
Le
Directeur général a souligné que le programme de la FAO reconnaît la
nécessité de repenser tout le concept d''intervention en cas d'urgence'.
"Il
s'agit ici d'une aide d'urgence dans une optique à plus longue
échéance, en ce sens qu'elle comprend des activités de sensibilisation
et de formation des membres de la communauté et des autorités locales en
matière de résilience. Cela peut contribuer à définir une nouvelle
approche tournée vers l'avenir, au-delà du court terme et des situations
d'urgence", a expliqué M. Graziano da Silva.
Le programme prévoit une formation à l'utilisation des "fonds de résilience" ainsi que des renforcements structurels (ex.
silos) pour se préparer à faire face aux phénomènes météorologiques
extrêmes, dont la fréquence et la gravité se sont intensifiées sous
l'effet du changement climatique, a ajouté M. Graziano da Silva.
Le programme d'urgence sera mis en place sans délai en faveur de 7 500 ménages parmi les plus touchés, en fournissant:
- des semences de qualité de riz, de légumes de contre-saison et de maïs de décrue le long des rives pour les semis de novembre/décembre
- du matériel agricole (pelles, binettes et brouettes)
- des engrais
- une formation aux activités après récolte, telles que production/conservation des semences
- des infrastructures de stockage pour réduire les pertes de production.
Les
agriculteurs seront également formés aux technologies modernes et aux
meilleures pratiques, comme le micro-dosage de semences et d'engrais,
afin d'accroître la production agricole et les revenus.
Les
ateliers sur la résilience, fondés sur les mécanismes communautaires
existants, profiteront également aux services communautaires locaux et
aux agriculteurs. Ils viseront notamment à renforcer la sensibilisation
aux principes des Bonnes Pratiques Agricoles (GAP), à la réduction des
risques de catastrophes, à l'adaptation au changement climatique et à la
gestion des ressources naturelles, afin que les communautés puissent
diversifier leurs activités, accumuler des actifs qui leur permettent de
créer des plans d'épargne, de prêt et d'assurance ou d'urgence.
Les
cultures pourront être récoltées dès janvier, ce qui devrait éviter
d'éventuelles pénuries alimentaires en cas d'épuisement des réserves
vivrières et des stocks de semences pour les prochains semis.
Centre Songhaï - un modèle qui vient de loin
Dimanche, M. Graziano da Silva s'est également rendu au Centre national Songhaï de Porto Novo (Bénin). Ce
Centre autochtone pour l'agriculture durable et écologique s'emploie à
convertir les agriculteurs de subsistance en petits et moyens
entrepreneurs avertis, qui non seulement produisent mais transforment
aussi leur production en une variété de produits finis. Le Centre a été
créé dans les années 80 par un prêtre catholique, résolu à inverser
l'exode rural en créant des opportunités génératrices de revenus. Les
agriculteurs reçoivent une formation pratique pour transformer
une activité précaire qui leur permet à peine de subvenir à leurs
besoins en un moyen d'améliorer leurs conditions de vie.
Le
Centre Songhaï a reçu le soutien de diverses organisations des Nations
Unies, dont la FAO, et sert d'exemple à d'autres pays, comme le Libéria,
le Nigéria et la Sierra Leone, qui ont eux-mêmes créé leurs propres
Centres Songhaï.
Durant
sa visite au Bénin, M. Graziano da Silva a rencontré divers
représentants de la société civile, de groupes de producteurs et du
secteur privé.
Centre du riz pour l'Afrique
Le
Directeur général de la FAO a également visité le Centre du riz pour
l'Afrique (AfricaRice) membre du Consortium de recherche GCRAI et
partenaire clé de la FAO. Le centre vise à améliorer la sécurité
alimentaire et la nutrition en accroissant la production de riz et sa
qualité dans les 24 Etats membres. De
nombreux pays africains détiennent un vaste potentiel de production -
le riz étant aussi souvent leur aliment de base - mais dans les
conditions actuelles, ils sont contraints d'importer l'essentiel de
leurs besoins pour satisfaire la demande. AfricaRice a pour but
d'inverser cette tendance par le développement scientifique et le renforcement des capacités locales.
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