Dakar — Jadis considérés comme zones endémiques de
blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, le Nigeria et le Ghana
ont réalisé de gros efforts dans la lutte contre ces fléaux. Ce qui est le
résultat du dispositif de lutte mis en place dans ces pays avec la supervision
du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent (Giaba)www.giaba.org.
Le Ghana n'est plus sur la liste noire des pays les plus
gangrenés par le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme en
Afrique de l'Ouest. Le Nigeria s'achemine vers la sortie de cette « zone de
turbulence ». La nouvelle a été livrée lors de la 18ème réunion de la Commission
technique du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent
(Giaba), tenue le 21 novembre 2012 à Dakar.
Ces deux « géants » de la sous-région ont ainsi réalisé des
efforts considérables pour redorer leur blason. L'évaluation menée ces six
derniers mois par le Giaba a montré que le Ghana a réalisé des progrès
importants et des efforts consentis pour combler ses lacunes dans le dispositif
de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le Financement du terrorisme
(Lbc/Ft). Ce qui, de l'avis du directeur général du Giaba, Dr Abdullahi Shehu,
a abouti au retrait du Ghana de la liste des pays à haut risque et
non-coopératifs du Groupe d'action financière (Gafi) qui, à travers son réseau
mondial de 187 pays adhérents, milite pour la protection du système financier
international. Le Ghana est désormais inscrit sur la liste des pays coopératifs
pour l'amélioration de la conformité avec la perspective d'entreprendre une
mission du Groupe régional de revue (Grr) en janvier 2013.
Sur cette même dynamique, il est relevé que le Nigeria a
consenti des efforts inlassables, en vue de corriger les lacunes de son
dispositif de Lbc/Ft. Ce pays a vu l'adoption et la modification de loi sur le
blanchiment de capitaux et la prévention du terrorisme, par son Assemblée
Nationale en octobre 2012. Des démarches fouettant l'optimiste du Giaba qui
espère, à sa prochaine réunion en février 2013, voir le Nigeria sortir de la
liste des « pays à haut risque et non-coopératifs du Gafi ».
Une photographie de la lutte contre ce fléau montre également qu'en 2012, le Bénin, la Gambie et la Sierra Leone ont promulgué leurs lois révisées concernant la Lbc/Ft. Le Giaba a confié qu'avec l'adoption de sa loi révisée, la Déclaration publique relative à la Sierra Leone a été retirée, tandis que l'adoption d'une Déclaration publique sur la Gambie a été différée en raison de la promulgation de la loi amendée, dont l'absence devrait être à l'origine de l'adoption de la Déclaration publique.
Selon le Directeur Général du Giaba, certains pays, tels que
le Ghana, la Guinée Bissau, la Sierra Leone et le Mali ont adopté leurs
stratégies nationales. C'est ainsi que les autres pays qui ne l'ont pas encore
fait sont exhortés à s'y atteler sans plus tarder, « car cette stratégie est
indispensable dans la détermination de leurs actions de lutte contre le crime
organisé ».
Cet état de fait est d'autant plus important que l'Afrique
de l'Ouest est actuellement caractérisée par des agressions venant de divers
horizons. Une situation accentuée par l'insécurité au Nord-Mali, les conflits
religieux au Nigeria, la rébellion au Sud du Sénégal, les règlements de compte
en Côte d'Ivoire, l'instabilité politique en Guinée-Bissau accentuée par
l'influence des narcotrafiquants… A cela s'ajoute la porosité des frontières.
Autant de zones de non droit qui favorisent des infractions propices au
développement du blanchiment d'argent et au financement du terrorisme.
Une situation d'autant plus complexe du moment que la
progression de la criminalité provoquée par le blanchiment des capitaux va de
pair avec la mondialisation de l'économie et le développement des échanges. Les
tentatives de blanchiment d'argent suivent l'évolution des flux financiers. Ce
qui explique les actions entreprises par les États pour mettent en place des
activités, des techniques et procédures pour mieux encadrer leurs économies. Un
combat mené au niveau communautaire à travers le Giaba qui est à sa deuxième
année de la mise en œuvre de son Plan stratégique 2011-2014.
Un plan qui repose sur six principaux axes d'intervention à
savoir le développement institutionnel, le suivi de conformité, les recherches
et typologies, l'appui technique aux États membres, le partenariat avec le
secteur privé et la société civile, la coopération régionale et internationale,
ainsi que d'autres questions transversales.
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